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Les Deux Grenadiers

ou les méprises par ressemblance

 

comédie en trois actes imitée de l'espagnol

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Les deux Grenadiers
ou Les Méprises par Ressemblance

 

 

Comédie en trois actes imitée de l'espagnol

par PATRAT

 

 

Représentée au Théâtre Italien, le 16 novembre 1786, avec des ariettes, et en 1793, jouée sur le théâtre de la Cité, et remise au théâtre Montansier, sans musique.

 

PERSONNAGES

Sans-Quartier, fils de Robert.

La Tulipe, fils du Juge.

Sans-Regret, dragon.

Robert, traiteur.

Le Juge du canton.

Jaquinot, filleul du Juge.

Suzon, fille de Robert.

Thérèse, fille du Juge.

Margot, vieille servante.

Un brigadier de gendarmerie.

Un gendarme.

Plusieurs gendarmes.

 

 

La scène se passe dans un village.

 

Acte premier

Le théâtre représente une place publique, où l'on voit, d'un côté, une hôtellerie nouvellement reconstruite ; de l'autre, un bureau de loterie, en dehors duquel est affichée la liste des numéros gagnants, et au fond la maison du juge ; devant la porte de l'hôtellerie sont deux sièges où sont assises Suzon, faisant de la dentelle, et Thérèse brodant ; à l'instant où est levé le rideau, elles sont sensées suivre leur conversation.

 

 

Scène 1 : Thérèse, Suzon.

Suzon : Qu'est-ce que cela me fait ?

Thérèse : Mais il a été bien battu.

Suzon : Tant pis pour lui.

Thérèse : Le paysan qui est venu à cheval en porter la nouvelle, a dit...

Suzon : Ça m'est égal.

Thérèse : Pardi ! tu prends un joli intérêt à ton futur.

Suzon : Mon futur ? Je n'ai pas encore dit oui.

Thérèse : Il est à plaindre, et...

Suzon : C'est sa faute.

Thérèse : Qu'en sais-tu ?

Suzon : C'est sûr ; qu'avait-il à faire d'aller à dix lieues d'ici à la noce de sa parente ? Pourquoi cherche-t-il dispute, à des militaires, encore.

Thérèse : Ah ! pardi ! Tu leur donnes toujours raison.

Suzon : C'est que j'aime les braves gens.

Thérèse : Tu aurais été plus contente d'épouser mon frère que mon cousin.

Suzon : Voyez, quelle différence ! Ton père avait si bien arrangé tout cela : nous allions devenir sœurs, et point du tout.

Thérèse : Mais, puisque mon frère est mort aux îles, tu ne peux plus l'épouser.

Suzon : Et quelles preuves en a-t-on ?

Thérèse : On l'a dit à mon père.

Suzon : Eh bien ! si c'est vrai, je ne me marierai jamais.

Thérèse : Jamais !

Suzon : Jamais ! jamais !

Thérèse : Sais-tu que c'est bien long, jamais ?

Suzon : Qu'est-ce que cela me fait ?

Thérèse: Ça fait beaucoup.

Suzon : Pour vivre heureuse, il faut être...

Thérèse : Mariée.

Suzon: Libre.

Thérèse : Quelle comparaison !

Suzon : Quelle différence !

Thérèse : C'est ce que je dis.

Suzon : La gêne est si maussade.

Thérèse : La liberté est si dangereuse.

Suzon : Il faut être fille pour conserver sa gaieté.

Thérèse : Il faut être femme pour pouvoir conserver sa sagesse.

Suzon : La liberté est comme l'immortelle, elle ne change pas.

Thérèse : Mais elle ne sent rien.

Suzon : Et le mariage ?

Thérèse : Est une rose.

Suzon : Où l'on se pique les doigts. Vive la liberté !

Thérèse : Vive le mariage !

Suzon : Tu est bienheureuse, toi : tu vas épouser Victor Sans-Quartier, grenadier au 20e régiment d'infanterie, c'est joli ça : mais moi, épouser Jaquinot, un sot.

Thérèse : On dit que ce ne sont pas les plus mauvais maris.

Suzon : Tiens, je ne pardonne pas à ton père, juge de ce canton, riche comme un Crésus, d'avoir si longtemps abandonné son fils ; le laisser servir sa patrie, c'est bien : mais il fallait toujours savoir où il était en garnison, lui donner une haute paie, et...

Thérèse : Oh ! ma bonne amie, tu ne sais pas tout.

Suzon : Quoi donc ?

Thérèse : Mon frère n'a pas été élevé à la maison comme moi.

Suzon : D'où vient ?

Thérèse : Silence au moins.

Suzon : Oh ! je suis aussi discrète que curieuse.

Thérèse : C'est beaucoup dire. Apprends donc l'histoire de mon père. Dans sa jeunesse, il aimait une jolie personne, mais très pauvre. On lui ordonna d'en épouser une autre ; il n'avait ni le courage de résister à ses parents, ni la force d'oublier sa maîtresse. Dame, c'est bien embarrassant !

Suzon : Oh ! ça doit être terrible.

Thérèse : Forcé d'obéir, il fut prendre congé de sa belle ; ils étaient seuls, ils s'affligèrent ; ils étaient tendres, elle était sage ; mais... dame, c'est bien embarrassant.

Suzon : Je n'en sais rien, mais je m'en doute, au moins.

Thérèse : Enfin, il épousa ma mère : mais soit que la pauvre délaissée eût pris le chagrin trop à cœur, au bout de quelque temps, elle changeait à vue d'œil.

Suzon : En vérité ?

Thérèse : Si bien qu'elle n'osait plus se montrer.

Suzon : C'est ça qui est bien embarrassant.

Thérèse : Enfin, je ne puis pas trop te dire comme tout cela s'arrangea ; ce que je sais, c'est que mon frère a été élevé à vingt lieux d'ici, chez un nommé Mathurin, fermier de Mérival, et qu'il y a demeuré seize ans.

Suzon : Comment en est-il sorti ?

Thérèse : Par une querelle qu'il eut avec le fils de la maison.

Suzon : Une querelle ?

Thérèse : Oui ; celui-ci donna un vilain nom à mon frère ; il n'était pas endurant, il le battit, et le fermier le mit à la porte.

Suzon : Sans lui dire qui il était ?

Thérèse : Comment aurait-il pu le faire ? il l'ignorait lui-même.

Suzon : Mais il fit avertir ton père.

Thérèse : Il ne le connaissait pas.

Suzon : Et il recevait la pension ?

Thérèse : Sans savoir d'où elle venait.

Suzon : Et tout cela se découvrit ?

Thérèse : A la mort de ma mère.

Suzon : Comment cela ?

Thérèse : Mon père voulut ravoir son fils : mais il apprit à Mérival qu'il était engagé dans un régiment qui venait de passer aux îles.

Suzon : Il fallait le faire revenir.

Thérèse : Le régiment ?

Suzon : Eh ! non, ton frère.

Thérèse : Mon père a écrit tout de suite : mais, puisqu'on dit qu'il est mort.

Suzon : Et si cela n'était pas vrai, comment pourrait-on le reconnaître à présent ?

Thérèse : Ça ne serait pas difficile.

Suzon : En vérité ?

Thérèse : Mathurin lui a remis un certificat où il détaille toutes les circonstances qui peuvent donner des éclaircissements sur la naissance de mon frère.

Suzon : Et pourquoi jusqu'ici m'as-tu caché tout cela ?

Thérèse : C'est que je suis discrète.

Suzon : Je ne te connaissais pas cette qualité-là...

Thérèse : Et puis, je ne le sais que d'hier au soir.

Suzon : Par quel hasard ?

Thérèse : Mon père en faisait la confidence au tien, et je les écoutais à la porte.

Suzon : Savent-ils si ton frère était joli garçon ?

Thérèse : Beau comme l'amour.

Suzon : Tenez, et il faut épouser un Jaquinot.

Thérèse : Ah ! ah !

Elle rit

Suzon : Ris, tu en as sujet ; mais moi, je te le répète, je veux rester fille.

 

 

Scène 2 : Les précédents, Robert.

 

Robert : Mes enfants, allez dire à monsieur le juge que, si mon fils arrive ce soir, j'espère qu'il me fera le plaisir de souper avec nous.

Thérèse : Vous croyez donc qu'il va arriver ?

Robert : Il y a dix jours que j'ai reçu sa lettre datée de Nantes : il ne peut tarder, et mon cœur me dit que je le verrai bientôt.

Suzon : Tant mieux.

Robert : Ah ! quel plaisir de revoir son enfant, après dix ans d'absence ! ma Suzon tu vas embrasser ton frère : mais, dis donc, en es-tu bien contente ?

Suzon : Assurément.

Robert : Mais pas autant que moi ; c'est que je ne me sens pas d'aise ; et toi, Thérèse ? hem ! qu'en dis-tu ?

Thérèse : Je partage votre joie.

Robert : Tu es la plus intéressée à son retour ; c'est ton futur. Ce n'est plus ce petit garçon avec lequel tu badinais dans ton enfance ; alors il te caressait, il t'embrassait : (Prenant un air sévère.) mais prends-y garde, s'il s'avisait maintenant de vouloir recommencer, songe qu'il faudrait...

Thérèse : Quoi ?

Robert, riant : Le laisser faire.

Thérèse, riant : Vous conseillez fort bien.

Robert : Pas mal, pas mal.

Suzon, le tirant au coin du théâtre : Mon père ?

Robert : Quoi ?

Suzon : Ce conseil-là est-il pour tout le monde ?

Robert : Non pas, s'il vous plaît.

Suzon : Il est pourtant drôle.

Robert : Allez, mes enfants.

Suzon : Oui mon père.

Robert : Tout en vous promenant, allez cueillir les plus beaux fruits au grand jardin. Ce cher enfant, il n'y a rien de trop bon pour lui.

Il rentre

 

 

Scène 3 : Thérèse, pliant son ouvrage, Suzon, couvrant son carreau, La Tulipe, Sans-Regret, arrivant par derrière la maison du juge.

 

Suzon : Comme il aime mon frère !

Thérèse : Cela prouve son bon cœur.

 

Thérèse et Suzon remontent le théâtre, pendant que la Tulipe et Sans-Regret le descendent. Suzon et la Tulipe paraissent également frappés en se voyant

La Tulipe, à Sans-Regret en l'arrêtant : Ah ! mon ami, la jolie fille ?

Sans-Regret, le faisant avancer : Allons donc, la Tulipe. Il est bien question de fille à présent.

Suzon, bas à Thérèse : Voilà un beau garçon.

Thérèse, bas à Suzon : Ne t'arrête donc pas.

Les deux groupes changent de place. Suzon tourne la tête

La Tulipe : Sans-Regret, elle tourne la tête.

Sans-Regret, brusquement : Eh ! qu'elle tourne... qu'est-ce que cela fait ?

Suzon, bas à Thérèse : Vois donc comme il nous regarde ?

Thérèse, bas à Suzon : Il me semble que tu le lui rends un peu trop.

La Tulipe : Je vais la suivre.

Sans-Regret, l'arrêtant : As-tu le diable au corps ?

Suzon, s'avançant sur la porte du juge : Il fait bien beau aujourd'hui.

Thérèse, la poussant : Entre donc.

(Elles entrent chez le juge.)

 

 

Scène 4 : La Tulipe, Sans-Regret.

 

La Tulipe : Elles sont dans cette maison : je ne bouge pas d'ici qu'elles ne sortent.

Sans-Regret : Écoute, la Tulipe, je ne suis pas si faraud que toi, mais j'ai plus d'estoc. Que diable ? il faut de la raison.

La Tulipe, riant : C'est mon fort.

Sans-Regret : Oh ! oui, hier au soir, ta rage pour la danse nous a fait avoir une querelle.

La Tulipe : Je crois que nous nous en sommes bien tirés.

Sans-Regret : Joliment.

La Tulipe : Nous avons mis toute la noce en déroute.

Sans-Regret : Oui : mais tu as perdu notre argent dans la bagarre. A peine avons-nous eu le temps d'entrer dans notre auberge sans lumière, d'y prendre ton sac à tâtons, et de décamper. Nous avons marché jusqu'à présent à jeun : nous n'avons pas le sou ; la gendarmerie est peut-être à nos trousses, et tu songes à des filles ?

La Tulipe : N'est-il pas vrai qu'elle est charmante ?

Sans-Regret : Hé ! dans ce moment-ci, un bon repas me paraîtrait bien plus charmant qu'elle.

La Tulipe : Eh ! tu ne penses qu'à la table.

Sans-Regret : Tu ne penses qu'à l'amour.

La Tulipe : C'est que j'ai le cœur tendre.

Sans-Regret : C'est que j'ai l'estomac vide.

La Tulipe : Il n'est pas de plaisir sans aimer.

Sans-Regret : Il n'est pas de plaisir sans boire.

La Tulipe : L'amour est l'aiguillon du guerrier.

Sans-Regret : Le vin est le courage du soldat.

La Tulipe : Il ne faut que deux choses pour être heureux.

Sans-Regret : C'est vrai.

La Tulipe : Un peu d'amour, et beaucoup de gloire, et vive le Roi.

Sans-Regret : Beaucoup de gloire et beaucoup de vin, et vive le roi ? Mais, nous perdons le temps, partons.

La Tulipe : Non, je reste.

Sans-Regret : Mais tu n'as pas le sou.

La Tulipe : Et mon billet de loterie ?

Sans-Regret : Tais-toi donc, avec ton billet. Que n'avons nous à présent les six francs qu'il t'a coûté ?

La Tulipe : A présent j'ai gagné.

Sans-Regret : Tu as gagné.

La Tulipe : Oui, 11, 28 et 40, est-ce que ça peut perdre ?

Sans-Regret : Ça me ferait jurer comme un f... (En se retournant il aperçoit les numéros de la loterie ; il les couvre avec son chapeau.) La Tulipe ?

La Tulipe : Hem ?

Sans-Regret : Veux-tu parier un bon goûter, payable quand nous pourrons, que tu n'as rien ?

La Tulipe : Va !

Sans-Regret : Va ? regarde.

La Tulipe : Quoi ?

Sans-Regret : Les numéros.

La Tulipe : Où ?

Sans-Regret : Sous mon chapeau.

La Tulipe : Voyons ? voyons.

Sans-Regret : Un moment, faut filer ça. Tu dis que tu as ?

La Tulipe : 11, 28 et 40 .

Sans-Regret, faisant paraître un numéro : Tiens, regarde.

La Tulipe : 63.

Sans-Regret , se moquant de lui : Ah ! comme il a visé droit !

La Tulipe, Sans-Regret laisse voir le second numéro : A l'autre (Avec joie.) 11, en voilà un, déjà.

Sans-Regret : Te voilà bien avancé ! Tu as joué un terne sec. (Il découvre le troisième numéro.)

La Tulipe : Après ? 84. Haïe.

Sans-Regret : Pzzzzz. (Ôtant tout à fait son chapeau.) : Tiens, voilà ton espoir au diable.

La Tulipe : 40 et 28. (Avec un cri de joie.) Ah ! j'ai gagné.

Sans-Regret : Comment diable, est-il possible !

La Tulipe, en l'embrassant : Oui, mon ami, les voilà : 11, 28 et 40.

Sans-Regret, sautant comme un fou : Ah ! mon ami, quel souper ! Cherche vite le billet.

La Tulipe : Il est dans mon sac.

(Il l'ôte de dessus ses épaules et le donne à tenir à Sans-Regret ; ils sont tous les deux dans la plus grande joie ; mais en aveignant le portefeuille, il jette un cri.)

Ah !

(Il reste anéanti.)

Sans-Regret : Qu'as-tu ?

La Tulipe : Ce n'est pas là mon sac.

Sans-Regret : Qu'est-ce que tu dis ? Mais vois donc, regarde bien, cherche le billet, ne plaisante pas.

La Tulipe : Que diable veux-tu que je cherche ? ce n'est pas-là mon portefeuille.

Sans-Regret : Adieu le souper... mais, comment se peut-il ?

La Tulipe : Il faut qu'il soit arrivé un autre soldat pendant que nous étions à cette noce ; on l'aura fait coucher dans notre chambre, et dans l'obscurité j'aurai pris son sac pour le mien.

Sans-Regret, s'arrachant les cheveux, jetant de côté le sac et le portefeuille : Ah ! l'étourdi ! mais où diable avait-il la tête ?

(La Tulipe voyant Thérèse et Suzon prêtes à sortir de la maison du Juge, va au-devant d'elles.)

Sans-Regret, le cherchant : Où est-il donc ? (Avec humeur, et allant s'appuyer contre une borne.) O l'enragé !

(Il bat le briquet, allume sa pipe, et fume.)

 

 

Scène 5 : Les précédents, Thérèse, Suzon.

 

Suzon, bas à Thérèse : Il est encore là.

Thérèse, de même : Passons vite.

(La Tulipe les salue.)

Suzon : Il nous salue.

Thérèse : Tourne la tête.

Suzon : Oh ! je suis polie. (Elle lui rend sa révérence.)

La Tulipe, l'abordant : Pardon, Mademoiselle, je ne puis résister à la vive impression que vous venez de faire sur mon cœur.

Thérèse, à Suzon : Suis moi.

La Tulipe : Je ne vous aime que depuis un instant. Mais je sens que c'est pour la vie.

Thérèse, bas à Suzon : Si tu l'écoutes, ton cœur est pris.

La Tulipe : Ne m'ôtez pas toute espérance.

Thérèse : Prends garde à toi.

La Tulipe : Vous ne répondez point ?

Suzon : Mais, Monsieur, nous ne nous connaissons pas.

Sans-Regret, avec humeur : Allez, allez, il aura bientôt fait connaissance.

La Tulipe : J'arrive à l'instant, je vous vois, et je ne suis plus maître de mon cœur.

Thérèse : Vous arrivez ? (A part, à Suzon.) Ah ! Suzon, si c'était ton frère ?

Suzon, bas à Thérèse : Ah ! j'en serais bien fâchée.

Thérèse, bas à Suzon : Moi, j'en serais bien aise.

La Tulipe : Que dites-vous tout bas ?

Thérèse : Rien, rien, Monsieur. Quel sujet vous amène dans ce village ?

La Tulipe : Aucun.

Suzon, à part, vivement : Ce n'est pas lui, tant mieux.

Thérèse, à part : Ce n'est pas lui, tant pis.

La Tulipe : Le bonheur m'y a conduit, puisque je vous vois : heureux si l'espérance m'y retient !

Sans-Regret, frappant du pied : Le diable emporte la danse, les femmes, et l'amour.

Thérèse, à Suzon : Allons-nous en.

La Tulipe, les retenant : Un moment de grâce.

Thérèse : Mais nous avons affaire.

La Tulipe : Permettez-moi donc de vous suivre.

Thérèse : Non pas, s'il vous plaît.

Suzon : Cela ne se peut pas : mais nous allons repasser par ici.

Thérèse, bas à Suzon : Es-tu folle ?

La Tulipe : Sans l'espérance de vous revoir bientôt, pourrais-je me résoudre à vous quitter ?

Thérèse, passant entre eux : Allons-nous en.

La Tulipe : Comment s'appelle votre belle amie ?

Thérèse : Qu'est-ce que cela vous fait ?

La Tulipe : Ce que cela me fait ?

Suzon : Elle a raison : que vous importe de savoir que je m'appelle Suzon ?

La Tulipe : Suzon, Suzon, ah ! le joli nom ; je ne l'oublierai de ma vie.

Thérèse : Fort bien.

La Tulipe : Belle Suzon, que je vais attendre avec impatience le moment de votre retour ! - Vous me promettez de revenir ?

Thérèse, emmenant Suzon : Oh ! nous ne promettons rien.

Suzon, s'en allant : Non, sûrement : mais nous ne pouvons pas passer ailleurs.

La Tulipe : Adieu donc.

Thérèse, l'emmenant : Adieu, adieu.

Sans-Regret, entre ses dents : Au diable, au diable.

Suzon, bas à Thérèse : Il est bien poli au moins.

Thérèse, secouant la tête : Haïe, haïe,, haïe, Suzon.

 

Scène 6 : La Tulipe, Sans-Regret.

 

La Tulipe : Que je suis heureux ! elle m'aimera, j'en suis sûr. Je ne la quitterai de ma vie.

Sans-Regret : Et ton sac ? il faut le trouver.

La Tulipe : Nous y penserons.

Sans-Regret : Nous y penserons ! eh ! que diable as-tu de plus pressé ? Tu vas à Mérival, m'as-tu dit, pour tâcher de savoir quel est ton père, que tu n'as jamais vu ; et sans le certificat que ton nourricier t'a donné, et qui était dans ton portefeuille, comment te feras-tu reconnaître ?

La Tulipe : Nous verrons.

Sans-Regret : Et ton billet de loterie ?

La Tulipe : Écoute, la Tulipe, un soldat qui a perdu la tête, est comme un canon encloué ; ça n'est bon à rien.

 

 

Scène 7 : La Tulipe, Sans-Regret, Margot, qui vient pour prendre le carreau de Suzon, s'arrête dans le fond à examiner la Tulipe.

 

La Tulipe : Écoute, Sans-Regret... Si tu ne veux pas rester ici, tu es bien le maître de poursuivre la route.

Sans-Regret : Et je laisserais mon camarade dans l'embarras ? Tu as une mauvaise affaire sur le corps, je ne te quitte pas.

La Tulipe : Grand merci : mais...

Sans-Regret : Va, le danger ne me fait pas peur. Je me bats aussi bien que je bois. Dans un repas je reste le dernier à table, c'est vrai : dans un combat, je suis le premier au feu.

Margot, considérant la Tulipe : Eh ! bon Dieu, je ne me trompe pas.

La Tulipe, à Sans-Regret, en lui faisant remarquer Margot qui l'examine : Qu'a donc cette fille à nous regarder ?

Sans-Regret : La mine est éventée, on nous a poursuivis : allons-nous en.

Margot : Hé ! bon Dieu ! bon Dieu ! le voilà ben, c'est lui-même.

La Tulipe : Qu'est-ce que cela veut dire ?

Sans-Regret : Cela veut dire que nous voilà reconnus : on a fait courir après nous ; on a envoyé des témoins ; en voilà un ; décampons.

La Tulipe : Je n'en ferai rien.

Margot : Mon Dieu, Monsieur, je vous demande pardon, mais dites-moi donc un peu, dans queu régiment que vous êtes ?

Sans-Regret : C'est une amorce, change de nom et de corps.

La Tulipe : Je sers dans le...

Sans-Regret, à Margot : Dans le vingtième régiment.

Margot, pouvant à peine contenir sa joie : Dans le vingtième régiment, et vous vous appelez Victor Sans-Quartier ?

Sans-Regret : Oui, précisément, Sans-Quartier.

MARGOT : Eh, mon Dieu ! bon Dieu ! je ne me trompe pas ! C'est notre jeune maître ; comme votre père va avoir de la joie en vous voyant !

La Tulipe, étonné : Mon père !

Sans-Regret : Son père !

Margot, à la Tulipe : Si vous saviez combien vot' lettre l'i a fait de plaisir !

La Tulipe : Ma lettre ? rêvez-vous ?

Margot : Oh que nenni, que je ne rêve pas. O bon Dieu, bon Dieu, vous êtes toujours le même, l'air mutin, le regard effronté ! Oh quel plaisir pour not' maître ! ô bon Dieu, bon Dieu.

La Tulipe : Mais je vous dis.

Margot : Je dois bien vous reconnaître, puisque c'est moi qui vous ai élevé.

La Tulipe : Vous m'avez élevé ?

Margot : Et je m'en vante.

La Tulipe : Où ?

Margot : Ici, cheux vot' père.

La Tulipe : Allez, ma bonne, vous vous trompez.

Sans-Regret, froidement : Comment s'appelle ce père, que fait-il ?

Margot : Il s'appelle Robert, marchand de vin-traiteur, faisant noces et festins.

Sans-Regret, s'enflamme : Hé, que diable dis-tu ? Sans doute c'est ton père.

La Tulipe : Mais...

Sans-Regret : Marchand de vin, c'est ton père.

La Tulipe : Je te dis...

Sans-Regret : Traiteur, faisant noces et festins ; c'est ton père, te dis-je ? (A Margot.) Allez, ma fille, allez l'avertir que nous sommes ici, et faites tirer bouteille.

Margot : J'y cours ; comme il va être content ! bon Dieu ! bon Dieu !

 

 

Scène 8 : La Tulipe, Sans-Regret.

 

La Tulipe : Que veut dire cette folle ?

Sans-Regret : Et, que t'importe ? ne vas-tu pas faire l'imbécile ? sois Robert, de par tous les diables.

La Tulipe : Comment accréditer une pareille méprise ?

Sans-Regret : En les laissant faire. La servante a cru te reconnaître ; le père te reconnaîtra.

La Tulipe : Cela ne pourrait pas durer.

Sans-Regret : Pourvu que cela dure jusqu'après souper.

La Tulipe : Quoi ! si cet homme me prenant pour son fils me fait préparer un bon repas ?

Sans-Regret : Prends.

La Tulipe : S'il m'offre sa maison ?

Sans-Regret : Prends.

La Tulipe : Et s'il me donne de l'argent ?

Sans-Regret : Prends.

La Tulipe : Non, je ne veux tromper personne.

Sans-Regret : Peste ! tu es bien délicat ! As-tu peur de déroger à ta noblesse ? tu sais bien qu'elle est flambée. Je le sais bien, moi, et cependant, tel que tu me vois, je suis le fils d'un ci-devant procureur.

La Tulipe, riant : Je ne m'étonne plus de ce que tu dis toujours prends ; mais Suzon ne revient pas, et je cours au-devant d'elle.

(Il sort.)

 

 

Scène 9 : Sans-Regret.

 

Ecoute donc ; écoute donc ? Le voilà parti : mais je n'en veux pas avoir le démenti, tu seras Robert malgré toi.

 

 

Scène 10 : Sans-Regret, Margot, Robert.

 

Margot, à Robert : Oui, Monsieur, il est arrivé, je l'ai vu.

Robert : Où est-il, où est-il ?

Sans-Regret : Que cherchez-vous, Monsieur ?

Robert : Je cherche mon fils, mon cher fils.

Sans-Regret : Quoi, vous êtes Monsieur ?...

Robert : Robert.

Sans-Regret : Ah ! M. Robert, que je vous embrasse.

Robert : Où est donc mon fils ?

Sans-Regret : Un moment, vous allez le voir, soyez tranquille.

ROBERT : Pourquoi n'est-il pas venu de suite chez moi ?

Sans-Regret : Il ne savait pas la maison.

Robert : C'est impossible, il avait seize ans quand il est parti ; et quoique j'aie fait rebâtir, le lieu natal ne s'oublie pas ?

Sans-Regret : Je le sais bien, mais... (Cherchant à réparer son étourderie.)

Robert : Quoi ?

Sans-Regret : Ha !

Robert : Expliquez-vous.

Sans-Regret : Je ne voulais pas vous le dire, mais vous vous en seriez bientôt aperçu.

Robert : Qu'est-il arrivé à mon fils ?

Margot : Ah ! bon Dieu ! bon Dieu !

Sans-Regret : Depuis son naufrage.

Robert : Son naufrage !

Sans-Regret : Sa tête...

Robert : Comment ?

Sans-Regret : Oui, des accès, à le prendre pour un fou.

Robert : Est-il possible ?

Sans-Regret : Ce n'est que par intervalle : mais pour sa mémoire, bst, st, st, st.

Robert : Mais cependant la lettre qu'il m'a écrite.

Sans-Regret, étourdiment : C'est moi qui l'ai dictée.

Robert, étonné : Comment pouviez-vous savoir des choses ?

Sans-Regret : Il me mettait au fait.

Robert : Il n'a donc pas perdu la mémoire ?

Sans-Regret : Je vous dis qu'il a des intervalles. Ah ! si vous ne vous prêtez à rien...

Robert : Voilà un cruel accident ! Mais où est-il donc ?

Sans-Regret : Il vient d'avoir un accès, et il faut lui laisser un moment de repos. Si je ne l'avais pas conduit jusqu'ici.

Robert : Mais est-ce bien mon fils ?

Sans-Regret : Oh ! ça, n'allez pas en douter ?

Robert : Il s'appelle Victor.

Sans-Regret : Oh ! pour Victor, je vous en réponds.

Robert : Sans-Quartier, au 20e régiment.

Sans-Regret : Pardi.

Robert : C'est bien lui, malgré son accident. S'est-il toujours bien comporté ?

Sans-Regret : En bon soldat, en véritable enfant de la patrie.

Robert : Aurait-il été avancé ?

Sans-Regret : Il aurait eu la première place.

Robert : Où ?

Sans-Regret : Au feu : il est grenadier.

Robert : A-t-il obtenu quelque récompense ?

Sans-Regret : Si le roi était obligé de récompenser toutes les belles actions, en une année de guerre les soldats français ruineraient le trésor royal.

Robert : Qu'est-ce que c'est que cela ?

Sans-Regret : C'est son sac, son portefeuille qu'il a laissé tout ouvert... sa tête n'y est plus.

Robert : Margot, rentre son sac, et donne-moi son portefeuille.

(Elle ramasse le sac et lui donne le portefeuille.)

Margot : Ah ! mon Dieu, queu malheur !

 

 

Scène 11 : Sans-Regret, Robert.

 

Sans-Regret, à part : Voilà le diable (Voulant empêcher Robert de regarder les papiers.) Qu'allez-vous faire ? Y pensez-vous ?

Robert : Comment, je ne puis pas visiter les papiers de mon fils ?

Sans-Regret, fort embarrassé : Il pourrait s'y trouver... quelques lettres de femmes par exemple, et... un père...

Robert : Oh ! je ne suis pas si rigide.

Sans-Regret, voulant prendre le portefeuille : Mais...

Robert : Ah ! laissez donc de grâce.

(Il lui tourne le dos pour lire.)

Sans-Regret, à part : Le diable emporte la Tulipe. S'il était resté, nous n'aurions eu d'explication qu'après souper, et la bombe est prête à crever. (Voyant Robert agité.) Oh ! voilà ce Monsieur qui se fâche ! (Le voyant se retourner vivement pour l'aller embrasser, et croyant qu'il veut le prendre à la gorge, il se recule et met la main sur son sabre.) Doucement ! oh !

Robert, avec une joie excessive : Ah ! mon cher ami, embrasse-moi. Oui, c'est bien mon fils, voilà sa cartouche, voilà ses papiers, voilà la lettre que je lui ai envoyée à l'Amérique.

Sans-Regret, très étonné : Hem ?

Robert : Ce cher enfant, il la conserve.

Sans-Regret : Comment dites-vous ?

Robert : Que je vous ai d'obligation du soin que vous avez pris de lui !

Sans-Regret : Monsieur, je vous assure... (A part.) que le diable m'emporte si j'y comprends rien.

Robert : Mais croyez-vous son mal incurable ?

Sans-Regret : Oh ! que non, avec de bon vin et une bonne table, vous le sauverez, je vous dis.

Robert : Oh ! qu'à cela ne tienne. (Il appelle.) Margot.

 

 

Scène 12 : Les Précédents, La Tulipe, Margot.

 

La Tulipe : Je ne sais ce qu'elles sont devenues.

Sans-Regret : Le voilà.

Margot : Le voilà.

Robert : C'est lui. (les bras ouverts) Ah ! mon cher fils !

(il l'embrasse)

Margot (l'embrassant) : Not' jeune maître.

Sans-Regret (de même) : Mon camarade.

La Tulipe : Est-ce une gageure ?

Robert : Embrasse-moi, mon cher enfant.

La Tulipe : Mais, Monsieur, vous vous méprenez.

Robert : Il ne me reconnaît pas.

Sans-Regret : Comment ? Écoute donc la voix du sang.

Margot : C'est ben vot' père.

Robert : Rappelle-toi mes traits.

La Tulipe : Que diable voulez-vous que je me rappelle ? Je ne vous ai jamais vu.

Robert : Ah ! quel malheur !

Margot : Le pauvre garçon, bon Dieu !

Sans-Regret (à Robert) : Ne vous chagrinez pas, cela va passer. (bas à la Tulipe) Es-tu fou ?

La Tulipe (bas à Sans-Regret) : Ont-elles repassées ici ?

Sans-Regret : Le diable t'emporte.

Robert : Que parlait-il d'ici ?

Sans-Regret : Il demande si on ne boit pas un coup ici.

Robert : Ah ! si fait. (à Margot) Et vite, Margot, met le couvert, et sers tout ce qu'il y a de cuit dans la maison.

Sans-Regret : Dépêchez-vous, mon enfant.

Margot : Laissez-moi faire, ça sera prêt tout de suite. O bon Dieu ! bon Dieu !

(elle rentre)

 

 

Scène 13 : Sans Regret, Robert, La Tulipe.

 

Sans-Regret : Eh bien ! à ce trait-là, peux-tu encore méconnaître ton père ? Le voilà, c'est bien lui, tu le reconnais, n'est-ce pas ? (bas) Dis donc oui.

La Tulipe (bas) : Je n'en ferai rien.

Robert : Que dit-il ?

Sans-Regret : Qu'il s'en souvient.

Robert : Ah ! je respire. Tu t'en souviens, mon fils ?

La Tulipe : Moi ! je n'ai pas dit cela.

Sans-Regret : Le chien !

Robert : Comment donc ?

Sans-Regret : Nous avons beau faire : ce n'est qu'en nous mettant à table que nous le verrons soulagé ; entrons.

Robert : Allons, mon ami, viens.

La Tulipe : Où donc ?

Robert : Chez moi.

La Tulipe : Non, en vérité.

Sans-Regret : Comment non ?

La Tulipe : Non.

Robert : Et pourquoi ?

La Tulipe : Parce que je veux rester ici.

Robert : Ici ?

La Tulipe : Oui, ici.

Sans-Regret : Y penses-tu ?

La Tulipe : Très fort.

Robert, à Sans-Regret : Ce garçon est beaucoup plus mal que vous ne me l'aviez dit.

Sans-Regret : Cela va se passer. (Bas à la Tulipe.) Pourquoi cet entêtement ?

La Tulipe, bas à Sans-Regret : Je ne veux pas manquer le moment de revoir ma chère Suzon.

Sans-Regret : Ah ! l'enragé ! le diable l'emporte avec sa Suzon.

 

 

Scène 14 : Les précédents, Margot.

 

Margot : Allons : Messieurs, vous êtes servis.

Robert : Viens, mon fils.

La Tulipe : Non.

Margot : Entrez vite.

La Tulipe : Non.

Sans-Regret : Je t'en prie.

La Tulipe : Non.

Robert : Ne me refuse pas.

La Tulipe : Non.

Margot : Faites-lui ce plaisir.

La Tulipe : Non.

Sans-Regret : Par pitié.

La Tulipe : Non, non, non.

Robert : Ah ! quel malheur !

Margot : Bon Dieu ! bon Dieu !

Sans-Regret : Il a le diable au corps. (Ils sont tous deux dans l'affliction.)

 

 

Scène 15 : Les précédents, Suzon, Thérèse.

 

La Tulipe : Ah ! voilà ma chère Suzon.

Robert : O ciel !

Margot : Quelle surprise !

Robert : Il reconnaît sa sœur.

Margot : Il l'appelle par son nom.

Sans-Regret : Oh ! la bonne méprise !

Robert : Viens, ma fille ; viens, ma chère Thérèse.

Thérèse : Qu'est-ce que c'est ?

Suzon : Qu'y a-t-il ?

Margot : Le voilà.

Thérèse et Suzon : Qui ?

Robert : Ton amant.

Margot : Vot' frère.

Thérèse, riant : En vérité ?

Suzon, tristement : Mon frère ?

La Tulipe : Quoi, Monsieur ?

Robert : Oui, c'est là ta sœur, tu l'as bien reconnue, embrasse-la.

La Tulipe, l'embrassant : De tout mon cœur.

Sans-Regret, à part : Oh ! maintenant je suis rassuré, il ne se fera plus prier pour entrer.

La Tulipe : Que je suis content !

Sans-Regret, le tirant à part : Écoute-moi.

Robert, emmenant Suzon et Thérèse de l'autre côté : Il est bon de vous prévenir (Il leur parle bas.)

Sans-Regret : Tu avais raison tantôt : il me vient des scrupules, et je vais dire la vérité à ces bonnes gens.

La Tulipe : Garde-t'en bien.

Sans-Regret : Quoi nous recevrons son goûter ?

La Tulipe : Assurément.

Sans-Regret : Non, je ne veux tromper personne.

La Tulipe : Oh ! mon ami, je t'en prie, tout se pardonne en amour.

Sans-Regret : Jolie morale ! en vérité. Il ne veut pas escroquer un repas ; mais pour une fille, ah !...

Robert : Mon fils, voilà ta prétendue.

La Tulipe : Moi ! je ne puis aimer que Suzon.

Thérèse : Cela est naïf.

Robert : Mais c'est ta sœur.

La Tulipe : Cela m'est égal.

Robert, à part : Il a tout à fait perdu la raison.

Suzon : Quel dommage qu'il soit mon frère.

Thérèse : Fut-il cent fois plus beau garçon, il ne peut me plaire sans m'aimer.

Margot : Tout va se refroidir.

Sans-Regret : Elle a raison.

Robert : Viens, mon fils.

La Tulipe : Pourvu que je sois placé près de Suzon, tout va me paraître excellent.

Margot et Robert : Il est fou. (Ils sortent.)

Sans-Regret, seul : Que tout ceci ne se débrouille que dans une heure, et je serai lesté pour trois jours.

 

 

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